«Avec le loup, soyons diplomates»

© Jeremy Weber
Fatalement, le loup est devenu l'incarnation du diable dans le rapport berger-brebis instauré par le clergé. 

Baptiste Morizot, docteur en philosophie à l’Université d’Aix-Marseille, dévoile un animal complexe et rationnel qui interroge l’homme sur sa capacité à coexister avec la biodiversité. Et nous renvoie à une question fondamentale: quelle est notre place dans la nature?

Le saviez-vous? Dans le sud de la France, une meute de loups s’est installée autour d’un réacteur thermonucléaire et a su en tirer de nombreux avantages. Aux Etats-Unis, la seule présence de l’animal a fait détourner le cours d’une rivière. Et puis, si le loup a failli être éradiqué en France, ce serait l’une des conséquences diplomatiques de l’attentat raté du Rainbow Warrior en Nouvelle-Zélande en 1985…

Baptiste Morizot nous apprend quantité de faits étonnants sur notre meilleur ennemi. Parfois même paradoxaux. En fait, le chercheur en philosophie piste le loup depuis longtemps pour mieux s’interroger sur notre rôle, la juste place de l’homme dans la nature. Il aborde la question lupine en termes de géopolitique, celui du retour spontané et inattendu d’un superprédateur avec lequel il va bien falloir cohabiter. En effet, la bête conteste la notion humaine de propriété et affirme son propre sens du territoire. Un territoire qui ne cesse de s’étendre pour bientôt s’insérer dans tous les interstices laissés par l’homme dans une nature finalement pas si sauvage que cela. Puisqu’il ne peut être ni domestiqué ni éradiqué, c’est en bonne intelligence qu’il faudrait désormais l’aborder. Baptiste Morizot propose dans Les diplomates, son essai de philosophie animale paru aux Editions Wildproject en avril 2016, un pragmatisme mêlant écologie, éthologie et même éthique, pour une coexistence avec le sauvage. Il prône un retour au sauvage dans un nouveau rapport civilisé à la nature qui exclurait l’affrontement permanent: une écopolitique faite de négociations entre l’homme et le loup.

Vous m’avez appris que vous pistez depuis peu des loups qui ont établi leur territoire sur le site d’ITER, le projet de réacteur thermonucléaire expérimental international établi près de Cadarache dans le sud de la France. Que fait cet animal dans une zone censée être supersécurisée?
C’est simple. Il y trouve des chevreuils et probablement des sangliers.

Mais comment fait-il pour y accéder?
Les grillages rendent effectivement les lieux inaccessibles aux humains, mais la faune sauvage y a percé des trous tous les cinquante mètres. Les loups en profitent. Ils utilisent essentiellement les chemins ouverts par les sangliers.

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