Entre Prométhée qui vole le feu aux dieux et un électricien qui recrée la foudre dans sa cave, il n’y a qu’un pas que franchit sans hésitation Olivier Lovey. Le photographe s’y interroge sur la frontière entre le documentaire et la fiction ainsi que sur ses intentions véritables. Avec beaucoup d’honnêteté, il admet qu’au moment de se lancer dans un projet, un photographe considère son sujet, mais aussi le résultat. La rencontre est toujours teintée par la possibilité de montrer le travail fini. «Est-ce que je m’intéresse vraiment à Jacques Emery? Ou est-ce que je fais cela pour voler quelques photos et exposer?» Question sans réponse.
Avant de bifurquer vers la photographie, Olivier Lovey a étudié la psychologie. A l’inévitable question de savoir si les deux pratiques sont liées, sa réponse est non. «La psychologie est altruiste alors que la photographie, au contraire, est un peu égoïste.» Egoïste parce qu’elle ne peut pas se débarrasser de ce double intérêt pour le sujet photographié et pour la photographie elle-même.
Cette tension est particulièrement forte dans la série Puissance Foudre, parce qu’elle engage deux personnages: celui de l’électricien, dont le photographe dit qu’il est dans une «auto fiction», et celui que l’artiste construit à travers l’objectif. «Les gens, j’ai l’impression, s’intéressent plus au travail de Jacques Emery qu’au mien. Mais j’y suis aussi pour beaucoup dans l’histoire!»