Coup d'Etat à Pékin (1/5)

Depuis le 11 mars 2018, depuis que l'Assemblée nationale populaire chinoise a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels, plus rien n'empêche le président actuel Xi Jinping d'être le nouvel «empereur» de Chine. Comment a-t-il réalisé ce coup d'Etat? Retour sur l'affaire Bo Xilai, du nom de ce puissant dirigeant qui a osé défier Xi Jinping.

Pekin Xilai Pekin Xilai
Ces deux signes chinois flottant au dessus de la ville de Chongqing signifient «meurtre d'une personne».© Oliver Ren

Le 15 novembre 2011, le corps d’un Anglais était retrouvé dans la suite 1605 de l’Hôtel Bellevue de la montagne du Sud, niché à dix-huit kilomètres de Chongqing, la mégalopole en expansion rapide du sud-ouest de la Chine, en bordure de la province du Sichuan. L’air pur des montagnes constitue un agréable changement quand on vient du centre de cette «municipalité spéciale» de plus de trente millions d’habitants, aussi étendue que l’Autriche, et perpétuellement noyée dans le brouillard. Sa situation isolée, dominant la ville tentaculaire qui chevauche le fleuve bleu (Yangzi Jiang), en fait un lieu très prisé pour les repas de noces, les fêtes de vacances, les conférences gouvernementales et les séminaires de dirigeants. 

Au printemps et durant l’été, l’hôtel accueille des touristes qui viennent visiter le jardin botanique voisin ou se recueillir au temple de Tushan édifié vers l’an 700 après J.-C. Hors saison, au mois de novembre, l’enceinte déserte de l’hôtel a l’air sinistre. Dans le hall d’entrée du bâtiment principal, deux épaisses poutres, peintes en rouge vif, surplombent un grand aquarium. On a l’impression d’entrer dans un restaurant tape-à-l’œil. A la réception, deux jeunes employées interrompent de mauvaise grâce leurs jeux vidéo pour accueillir les rares clients ou des gens qui viennent s’informer des tarifs spéciaux pratiqués en hiver.

Le registre de l’hôtel montre que, le 13 novembre 2011, un Laowai (un étranger) avait pris une suite dans l'une des villas de l’établissement, à l’écart du bâtiment principal. Il s’appelait Neil Heywood. Agé de quarante et un ans, ce visiteur avait un passeport britannique et une adresse à Pékin. La dernière fois qu’on l’avait vu, il était avec une Chinoise d’âge moyen qui, avant de quitter la villa, avait dit au personnel de ne pas déranger le client étranger parce qu’il avait «trop bu». La pancarte «Ne pas déranger» était d’ailleurs accrochée à la poignée de la porte.

Deux jours plus tard, ayant remarqué que le client de la suite 1605 n’en était toujours pas sorti, et soupçonnant qu’il y avait un problème, le personnel en avisa le responsable de la villa. Ne recevant aucune réponse après avoir frappé à la porte et appelé, celui-ci entra dans la chambre et découvrit l’étranger mort, sur le lit. Le directeur général de l’hôtel appela la police.

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