Coup d'Etat à Pékin: le Consulat américain en état de siège (3/5)

Demander l'asile politique aux Etats-Unis pour échapper à Bo Xilai, voilà l'idée de Wang Lijun. Mais à l'extérieur du Consulat de Chengdu, les gendarmes à la solde de Bo Xilai ont bien l'intention de l'empêcher de réaliser ses plans...

Pekin Xilai Pekin Xilai
Chengdu, capitale de la province du Sichuan abrite un Consulat américain, le symbole chinois de fuite représente la décision de Wang Lijun de demander l'asile politique.© Charlie Fong

«Le meilleur des trente-six grands stratagèmes est la fuite» a écrit Sun Zi, un ancien général et stratège chinois. Cependant, où qu’il irait dans ce vaste pays, Wang savait qu’il serait rattrapé. Bo avait déjà donné l’ordre de surveiller les aéroports et les gares. Pour se sauver et reprendre l’avantage sur lui, il envisagea de se réfugier dans l’un des consulats étrangers de Chengdu.

Il est ironique qu’en Chine, aussi bien les persécutés que les persécuteurs cherchent traditionnellement refuge dans les ambassades et les consulats. Dans les premiers temps du mouvement communiste, nombre de ses militants ou de ses dirigeants, qui rejetaient violemment les colonialistes occidentaux, se précipitaient néanmoins régulièrement dans les concessions britannique et française pour y trouver aide et protection quand ils étaient recherchés par la police du Gouvernement nationaliste. Dans la plupart des cas, ils y parvenaient parce que celui-ci craignait d’offenser les puissances occidentales s’il intervenait directement. 

Après la victoire des communistes en 1949, les pays démocratiques cessèrent d’avoir officiellement des relations avec la Chine jusqu’à ce que le général de Gaulle la reconnaisse en 1964 et qu’à son exemple, Nixon fasse de même en 1972. Les Chinois qui voulaient fuir les horreurs de la Révolution culturelle ne le pouvaient donc qu’en gagnant Hong Kong qui, colonie britannique, abritait des ambassades ou des consulats de presque tous les pays du monde. Mais ce n’était pas pour autant un asile sûr. Beaucoup de fugitifs capturés par les Anglais étaient renvoyés en Chine. Ma Sicong, un violoniste réputé, dont les parents avaient été torturés par les gardes rouges en 1967, parvint à s’échapper avec l’aide du Consulat américain. L’année suivante, Shen Yuan, un universitaire pékinois, réussit, déguisé en Africain, à se glisser dans l’Ambassade de l’Union soviétique, laquelle avait rompu avec la Chine au début des années 1960. Mais cela n’empêcha pas les diplomates russes de renvoyer Shen en Chine, où il fut exécuté.

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