Un cadeau empoisonné

© Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD)
Vue aérienne du lac de stockage contaminé de Saint-Priest-la-Prugne.

Entre 1960 et 1980, l’uranium était pour Saint-Priest-la-Prugne un symbole de prospérité. Plus de trente ans après la fermeture de la mine, c’est un fardeau qui divise encore les habitants de cette petite localité proche de Vichy, au centre de la France.

L’inspection dure maintenant depuis cinq bonnes minutes. A petits pas, Arlette Maussan, longs cheveux blancs noués en queue-de-cheval et petites lunettes rondes, progresse sur la piste de randonnée. Au bout de la bride qu’elle tient dans sa main gauche, frôlant le sol pierreux, une étrange boîte couleur crème émet des «bips-bips» aigus et réguliers qui rompent la tranquillité de ce sous-bois du Massif central. La militante ne quitte pas des yeux l’ictomètre, son détecteur à rayons gamma, témoin de la radioactivité du lieu. Subitement, sur l’écran aux LED rouges, les chiffres s’affolent. Arlette, elle, s’arrête tout net: «Regardez, 14'000 C/S.» Comprenez 14'000 coups par seconde. «Dans la région, la valeur naturelle est de 200 coups par seconde», décrypte, en connaisseuse, celle qui milite depuis trente-sept ans contre tout ce qui a trait au nucléaire. «C’est très dangereux. Ici, le week-end, le sentier est fréquenté par des familles. Des enfants en bas âge peuvent jouer avec des pierres. Ne restons pas là», termine-t-elle avant de s’éloigner.

Il y a des années, le chemin de la Pierre des Fées a été nivelé avec des résidus de l’ancienne mine d’uranium toute proche. Des déchets qu’on appelle «stériles», parce que jugés peu radioactifs. «Stériles», pour cette petite femme tantôt rieuse tantôt grave, ça ne veut rien dire. Alors, en octobre 2017, quand elle n’a eu plus aucun doute quant au niveau d’émission repéré, Arlette est passée à l’action. A l’entrée du sentier, bien en vue des randonneurs, elle a installé un petit panneau avec le pictogramme du trisecteur – le «sigle nucléaire» – et marqué de l’inscription: «Chemin radioactif». «Ne rien dire serait de la non-assistance à personne en danger», renchérit la sexagénaire. Mais visiblement, dans la région, tout le monde ne partage pas son avis. «C’est le quatrième panneau que j’installe en un mois et demi. Les trois autres ont été arrachés.» Au village de Saint-Priest-la-Prugne, dans le département de la Loire, le passé est pour certains bien lourd à digérer. 

Le temps, la végétation et les travaux des hommes ont pourtant presque tout effacé de l’exploitation de l’uranium. Dans les bois, près de l’ancienne mine, il reste bien quelques vestiges: un cylindre métallique ici, quelques plaques de béton par là, mais c’est à peu près tout. Les deux puits ont été détruits au milieu des années 2000. Le paysage est désormais englouti par une épaisse forêt, seulement trouée par un lac artificiel. A observer le bassin, bordé de résineux et de petites plages, il est presque étonnant, au premier regard, que les élus locaux n’aient pas eu l’idée de le transformer en base de loisirs. «Le meilleur point de vue sur le lac est le viaduc de l’ancien tacot», avait indiqué Arlette au téléphone. Accompagnée de deux de ses amis, Hélène et Jean-Pierre Piéchaud, c’est là que la retraitée nous a donné rendez-vous. D’entrée, sa voix est un peu résignée, presque mécanique. En plus de trente ans, aux visiteurs de passage ou aux journalistes, elle a dû faire des dizaines de fois l’amère description du site. «La nappe d’eau que vous voyez là recouvre 1,3 million de tonnes de déchets radioactifs, des résidus de l’ancienne mine d’uranium.» Le lac n’est en fait qu’un immense sarcophage! Pas surprenant qu’aucun espace de détente n’y ait jamais vu le jour.

Arlette Maussan mesure la radioactivité sur un chemin de randonnée et pointe du doigt le sarcophage à déchets nucléaires qu'est le lac artificiel.

En 1980, quand la Cogema – devenue Areva en 2001 – décide de fermer la mine, elle doit décider du sort de centaines de milliers tonnes de résidus radioactifs accumulés au cours de vingt années d’exploitation. Dans le sous-sol, l’uranium n’est pas extrait d’un seul bloc. Il n’existe pas, comme pour l’or, de pépites d’uranium. Pour récupérer le métal lourd, il faut d’abord arracher à la terre des tonnes de roches, puis les traiter chimiquement avant d’espérer obtenir un concentré d’uranium couleur jaunâtre. En moyenne, 500 grammes par tonne de minerais brut. Le reste, le «résidu radioactif», est sans utilité et, pour s’en débarrasser, la Cogema a longtemps opté pour la solution la moins coûteuse: le stocker dans un fond de vallée tout proche, détourner la Besbre - la rivière qui passe par là -, et noyer les roches sous une lame de deux mètres après avoir érigé une digue de terre en aval. Voilà comment est née la retenue d’eau. «C’est le seul site de stockage de ce genre en France, explique Bruno Chareyron, ingénieur à la CRIIRAD, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité. Tous les autres sont recouverts d’une couche solide.» L’efficacité de la couche d’eau est incertaine et surtout, personne ne sait combien de temps tiendra cette protection, conçue comme provisoire.

Dès la fin de l’exploitation, l’inquiétude de certains riverains a donné naissance à un mouvement citoyen – le Collectif des Bois noirs, du nom du massif granitique des environs. Sa présidente, Arlette Maussan fut l’une de ses premières membres, avec Hélène et Jean-Pierre Piéchaud, un couple de Parisiens aujourd’hui octogénaires, tombés dans la lutte au détour d’un investissement immobilier… «Nous sommes arrivés dans le collectif un peu par hasard, raconte le fonctionnaire à la retraite. En fait, nous avions trouvé dans le coin une petite maison de paysans. A peine deux semaines après notre emménagement, nous avons vu des pancartes partout sur les routes “Non aux déchets radioactifs”. Nous avons pris contact avec l’instituteur du village. Et paf, nous sommes entrés dans la bagarre.»

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Arlette Maussan devant un tuyau près de la digue, duquel s’écoulent dans un champs des eaux non-traitées du lac de stockage. © Benjamin Delombre

Pour ces trois-là, en presque quarante ans, les bagarres n’ont pas manqué. Celle qui les occupe en ce moment concerne la pollution de la Besbre en aval du lac de stockage. En sortie du barrage, les bassins de décantation seraient hors d’âge et inefficaces. «Ils devraient être curés tous les deux ans. Mais, depuis 2013, rien n’a été fait», déplore Arlette, devant le grillage qui borde ce qui ressemble à une station d’épuration désaffectée. Conséquence: l’eau, qui se jette plus loin dans la Loire, porterait d’importantes traces de radioactivité. La preuve, pour les membres du collectif, se trouve un kilomètre en contrebas du lac artificiel où des relevés sur la flore aquatique les ont alarmés. «Sur certaines mousses, on atteint 60'000 becquerels de radium 226 par kilo. En amont, la normale est de 106 becquerels. Vous vous rendez compte! Juste à la sortie du site, les valeurs enregistrées correspondent même à celles de véritables déchets radioactifs.»

Responsable des lieux, le groupe nucléaire Areva, qui s’est fait rebaptiser Orano début 2018 pour s’offrir une nouvelle virginité, n’a pas souhaité être interviewé, mais a apporté sa version des faits par courriel. Dans les analyses, explique l’entreprise à capitaux publics, il n’est pas question d’effectuer des relevés sur la flore aquatique, car ils sont jugés peu fiables. Il conviendrait de se concentrer uniquement sur l’eau. Or, cette dernière présente un taux de radioactivité considéré comme satisfaisant. Le groupe se justifie ainsi: «Areva Mines (devenu entretemps Orano Mining, ndlr) assure la sécurisation du site de stockage de résidus au travers notamment d’études d’impacts et de dangers [...] Les résultats démontrent que la Besbre en aval du site minier présente une "bonne" à "très‎ bonne" qualité biologique.» Il faut dire que pour la surveillance du site de stockage, Areva Mines est à la fois juge et partie. Le géant nucléaire réalise lui-même les contrôles et, apparemment, ceux-ci laissent parfois à désirer. En 2005, une contre-expertise menée par l’Ecole des Mines de Paris mettait au jour des «erreurs sur la mesure du débit de la Besbre» et dans «le traitement des eaux».

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Bassins de rétention, en aval du lac de stockage, censés traiter l’eau chargée en radioactivité. © Benjamin Delombre

A l’été 2017, le Collectif des Bois noirs a alerté l’Etat français des carences apparentes dans la gestion du site. Mise en demeure, l’entreprise a lancé à l'automne des travaux de consolidation sur la digue. Tout cela n’est qu’un rafistolage, dénonce le collectif. Orano n’entend pas financer de projet coûteux à Saint-Priest-la-Prugne. Le groupe a, semble-t-il, d’autres préoccupations. En 2017, son chiffre d’affaires global a chuté de 15% et les polémiques sur les défaillances de fabrication de certaines de ses pièces s’accumulent. Aucune solution de protection pérenne n’est sur la table. Le «manque de persévérance de certains habitants» et le «peu de motivation des élus» n’arrangent rien, se désole Arlette Maussan. Depuis quelques années, les relations entre le collectif et la maire de Saint-Priest-la-Prugne ne sont plus très bonnes.

Huguette Burelier dirige la commune depuis 2001. Assez longtemps pour avoir vu passer nombre de curieux et se méfier de ceux qui viennent remuer le couteau dans la plaie de son bourg. Car le passé, pour cette élue réservée mais opiniâtre, est un sacré fardeau. Dans son petit bureau, au fond de la mairie, elle s’explique: «Entre Areva-Orano et le collectif, j’ai l’impression que mon village est pris en otage.» Pas question pour elle de «renier le passé», mais tout de même, elle aimerait bien tourner la page. Et Madame la Maire d’évoquer, en exemple, ces réunions d’élus locaux au cours desquelles ses collègues ne cessent de caricaturer son «village radioactif». L’édile s’interroge: pourquoi ne lui parle-t-on jamais de la «qualité du cadre de vie» de sa région natale, du «dynamisme de ses associations» ou de «l’économie» qui ne se porte pas si mal? Au visiteur, elle tient à montrer les trois scieries des alentours: «soixante-quinze emplois en tout!» Ce n’est pas rien pour un bourg qui compte 480 habitants. «Il faut regarder l’avenir», répète avec énergie, comme pour s’en convaincre, celle dont les traits du visage s’adoucissent un peu à l’évocation d’un futur grand projet: une ferme photovoltaïque en lieu et place de l’ancienne exploitation d’uranium. Le conseil municipal a lancé la demande de subventions. «Ce serait un beau pied de nez à la mine», conclut Huguette Burelier, qui perçoit ce développement comme une revanche.

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Malgré les risques, Madame la Maire veut «tourner la page de la mine» pour que Saint-Priest-la-Prugne se débarrasse de son image de «village radioactif». © Benjamin Delombre

Au Café de la Place, le bar-restaurant du bourg, le personnel comme la direction sont plutôt d’accord avec Madame la Maire pour «aller de l’avant». Après tout, Areva puis Orano disent assurer des contrôles réguliers. Et puis, «on n’est pas plus malade qu’ailleurs», assure Françoise, la serveuse, entre deux cafés. Un argument souvent avancé ici, bien qu’aucune étude épidémiologique n’ait jamais été effectuée. «En tout cas, reprend-elle, mon avis, c’est que la Cogema a fait plus de mal en partant que si elle était restée.» «Les articles sur Saint-Priest-la-Prugne, ça nous agace un peu», poursuit Christiane, la mère de la patronne, qui ne goûte guère cette «mauvaise publicité» qui lui est parfois faite. Dans le village, gare à ceux qui mettent trop en avant leurs craintes. Après avoir témoigné dans Le Pays roannais, l’hebdomadaire local, un proche du collectif qui souhaite depuis garder l’anonymat se souvient «en avoir pris plein la gueule». Les rabat-joie comme les journalistes ne sont pas bons pour les affaires. Il ne faudrait pas faire fuir les cueilleurs de champignons, nombreux à l’automne dans les prés alentours et qui viennent déjeuner au restaurant. 

Deux d’entre eux sont d’ailleurs installés près du comptoir, ce jour-là. Un couple. Il y a quelques années, ils ont bien eu «un peu peur» après un article paru dans Le Progrès, le quotidien régional, mais pas assez pour les dissuader de «venir aux champignons». «Nous venons une fois par an, alors ça va», se rassure la femme. Et l’homme d’ajouter, un peu bravache, sans quitter son assiette des yeux: «Mon père en faisait des bocaux, et nous n’avons jamais rien eu.» La salle est quasiment pleine. Pas mal pour un jour de semaine, mais malgré les clients qui défilent à la caisse, Christiane prend des airs pensifs, teintés de fatalisme: «Le village est presque mort.» Qu’il semble loin le temps où Saint-Priest-la-Prugne comptait trois épiciers, un boulanger, un boucher, plusieurs restaurants et deux fois plus d’habitants. C’était à la fin des années 1970. «Les mineurs, ça faisait tourner le commerce, ils avaient quand même un bon pouvoir d’achat», regrette encore Françoise, en lavant les tasses. La serveuse parle en connaissance de cause. Elle a épousé un mineur.

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Maison à vendre, Saint-Priest-la-Prugne. Depuis la fin de l'exploitation, la population du village a presque été divisée par deux. © Benjamin Delombre

Saint-Priest-la-Prugne culmine à 1'200 mètres d’altitude. Longtemps, la commune et sa région, éloignées des axes de communications, ont été tenues à l’écart des grandes villes, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand ou Lyon. Aujourd’hui encore, les gens d’ici sont parfois moqués par ceux de la plaine qui les trouvent un peu «reculés». Alors, en 1953, quand le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) découvre le gisement d’uranium, les «montagnards» se disent que l’occasion est inespérée. C’est même «le père Noël qui débarque», corrige, dans un sourire, Jean-Louis Lautru, un retraité tranquille qui coule désormais ses jours dans un hameau de Laprugne, à quelques kilomètres de la mine. Attablé dans sa cuisine, l’ancien mineur est, comme on dit, un enfant du pays dont l’œil pétille encore au souvenir de «l’époque dorée». 

Quand le projet de mine est lancé, les besoins en main-d’oeuvre sont énormes. Alors, pour convaincre les gens du pays de descendre au fond, le CEA les embauche pour trois fois le salaire pratiqué dans les scieries des environs. En quelques années, les intérieurs de maison se modernisent et les bourgs se métamorphosent. Jean-Louis Lautru en garde quelques anecdotes: «Après guerre, très peu de gens avaient une voiture. Cinq ou six ans après l’ouverture de la mine, presque toutes les familles en possédaient une. C’était incroyable. C’en était même difficile de trouver une place pour se garer dans les rues!» Les commerces s’agrandissent, la première supérette s’installe, des classes supplémentaires ouvrent chaque année dans les écoles et, comble du progrès, à Laprugne, une barre HLM sort de terre. 

Aux Bois noirs, les Trente Glorieuses ont trouvé leur laboratoire. A l’époque, la mine n’est encore qu’un symbole de prospérité. Les roches extraites, d’un éclatant vert émeraude, sont même plutôt prisées. L’une de ces pierres n’a-t-elle pas été exposée, des années durant, en guise de décoration, sur le comptoir du bureau de Poste de Saint-Priest-la-Prugne? Personne alors ne se méfie des mots «uranium» ou «radioactivité». Dans les années 1940, les eaux de Vichy, à quarante kilomètres de là, faisaient même de la radioactivité un argument commercial, presque un gage de bonne santé. «La seule crainte des mineurs quand ils allaient au fond, c’était le grisou et les coups de poussière», rappelle Jean-Louis qui fera partie des derniers à descendre, à la fin des années 1970. 

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Jean-Louis Lautru, ancien mineur, a connu «l’époque dorée» de l’exploitation de l’uranium à Saint-Priest-la-Prugne. Il a été l’un des derniers à travailler à la mine, avant sa fermeture. Il passe aujourd’hui sa retraite dans un hameau reculé, à quelques kilomètres de Saint-Priest-la-Prugne. © Benjamin Delombre

Sauf que cette méconnaissance des dangers de la radioactivité va conduire à la contamination de dizaines de sites du périmètre. Au plus fort de l’exploitation, 700 personnes travaillent à la mine, charriant quotidiennement des tonnes de minerais. Une fois l’uranium récupéré, il faut bien faire quelque chose des «déchets» de roche. Pour se débarrasser à moindres frais des moins radioactives, les «stériles», le CEA va les distribuer gracieusement. Elles viennent ainsi remblayer les chemins, comme celui de la Pierre des Fées, aplanir la cour d’une école ou terrasser un terrain pour y bâtir un entrepôt. Patrick Chabrier possède l’un de ces bâtiments, à la lisière du village. Un «cadeau empoisonné» qu’il tient aujourd’hui en encombrant héritage. Dans les années 1960, son père a pour projet de bâtir une scierie sur l’une de ses parcelles. Pour la niveler, il se fait livrer, pour presque rien, 8'000 mètres cubes de «stériles».

Celui qui deviendra plus tard chauffeur routier revoit encore ces «dizaines de camions» déversant la roche sur le terrain de son père. Cinquante ans plus tard, dans le bâtiment qui sert désormais de dépôt de ferrailles, les niveaux de radioactivité atteignent jusqu’à dix fois la valeur naturelle. Dans une lettre adressée à Areva, en date du 27 février 2014, l’ingénieur de la CRIIRAD en charge des relevés écrit: «Vu le niveau des risques potentiels, notamment en terme d’exposition au radon, le refus d’intégrer ce site à l’inventaire officiel [des sites contaminés] constitue un acte grave.» 

Depuis les années 2000, Areva a accepté d’assainir une vingtaine de sites remblayés au stérile, mais, comme personne n’habite ou ne travaille dans l’ancienne scierie, aucun chantier n’y est financé. L’entrepôt des Chabrier est inutilisable. «Je me sens abandonné quand même, soupire Patrick. C’est soucieux de laisser un bâtiment comme ça, sans pouvoir rien faire.» Et le soutien du collectif ne change pas grand-chose. Arlette Maussan a beau multiplier les relevés et les lettres à la multinationale du nucléaire, le dossier est au point mort. Une bagarre de plus. Il y en a tant à mener pour le collectif. «Nous avons quand même eu de petites victoires», tente de rassurer la présidente. N’a-t-elle pas l’impression de se battre contre des moulins à vent? La réponse fuse. «Si nous ne faisons rien et que personne n’alerte sur la radioactivité de la région, un jour, tout le monde aura oublié le danger qu’il y a ici.» Pour ces militants historiques, dont certains arrivent à l’automne de leur vie, c’est un sacré pari que de continuer la lutte. La preuve d’une certaine abnégation aussi. Aux réunions, ils ne sont plus que sept ou huit autour de la table.