Presse Diesbach Presse Diesbach
Roger de Diesbach, rédacteur en chef de 1996 à 2004 du quotidien romand La Liberté, est décédé à l'âge de 65 ans, le 21 septembre 2009. © Keystone / La Liberté / Vincent Murith

Lever les dernières amarres de «La Liberté» (18/21)

A la tête de la rédaction de «La Liberté», Roger De Diesbach dynamise le quotidien fribourgeois en multipliant les nouvelles rubriques et en nouant des accords avec d'autres journaux régionaux et de France. Son «motto»: le journalisme d'investigation, c'est aussi le journalisme de proximité.

Début 1996, je suis contacté comme bien d’autres journalistes par un chasseur de tête bernois qui cherche un nouveau rédacteur en chef pour remplacer le Jurassien José Ribeaud, démissionnaire du quotidien fribourgeois La Liberté. Le poste m’intéresse, mais j’ai du mal à me faire à l’idée de quitter le Journal de Genève où je compte de nombreux amis. Je sais pourtant les divergences profondes existant entre l’idéal de la rédaction et une partie de ses financiers. Et si le Journal de Genève avait gagné alors de nombreux lecteurs grâce à son ouverture, sa situation financière ne s’était pas vraiment améliorée. Enfin, sur un plan personnel, je souffre de vivre seul à Genève, éloigné de ma famille restée à Fribourg, la situation hasardeuse du journal ne m’engageant pas à déménager à Genève. Si j’aime cette ville, mes racines sont à Fribourg que diable!

Il y a pourtant un obstacle capital à mon arrivée à La Liberté. Ce journal a été fondé en 1871 par le chanoine Joseph Schorderet pour défendre les valeurs catholiques et conservatrices face à la révolution radicale de la Suisse nouvelle. Durant vingt ans à la tête de La Liberté, mon prédécesseur et ami François Gross a procédé à des changements en profondeur, amélioré sa qualité et surtout gagné sa complète indépendance politique. Pour arriver à ses fins, François Gross s’est largement appuyé sur la doctrine sociale de l’Eglise, sur Vatican II. Et personne, même pas l’Eglise catholique, n’aurait osé contester la totale indépendance de ce grand journaliste au caractère bien trempé. Résultat, en 1996, La Liberté, dont l’indépendance n’est pas contestable, a toujours une charte de journal d’opinion catholique. Elle est donc théoriquement encore inféodée au Vatican. Si je veux avoir les coudées franches pour y développer la recherche d’informations, je dois, comme jadis au Journal de Genève, lui donner l’indépendance indispensable. Et je ne peux pas diriger un journal d’opinion catholique pour deux raisons. D’abord, je ne crois plus aux journaux porte-drapeaux, qu’ils courent pour des partis politiques ou pour des religions. En Suisse, la plupart des journaux catholiques sont morts ou moribonds (Le Vaterlandle Giornale del Popolo). D’autre part, la plupart des zones d’expansion possibles pour La Liberté sont de confession réformée, notamment la Broye. La deuxième raison, plus personnelle, était bien résumée par mon regretté ami le curé Noël, de la Basse-Ville de Fribourg: «Tu es assez généreux pour financer mes bancs d’église, mais on ne peut pas dire que tu les uses beaucoup!» C’est vrai. Et je ne suis pas assez hypocrite pour faire comme si. Et, sur de nombreux sujets importants, mon désaccord avec la doctrine de l’Eglise est total.

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