La Terre est un paradis. Yann Arthus-Bertrand le sait bien lui qui, depuis plus de quarante ans, se fait l'invité du monde du haut du ciel. Ses images célèbrent comme des tableaux la richesse du vivant. Elles sont devenues, au fil du temps, les témoins du combat engagé avec d'autres contre les blessures que nous infligeons à cette Terre qui nous porte.
Bien avant la formation du haut plateau tibétain, il y a plus de deux cents millions d'années, la plus grande partie de l'Asie était recouverte par un océan. De grands lacs salés témoignent de ce lointain passé. Chaque printemps, avant de prendre la route, les bergers nomades viennent y extraire le sel selon un rituel millénaire. Aujourd'hui, chaque grain leur rappelle les menaces que les changements climatiques et les désordres géopolitiques font peser sur leurs caravanes. Lentement, leur monde et leur culture s'éteignent.
L'écologie ne nous questionne pas seulement sur l'épuisement de nos ressources, mais sur nous-mêmes et notre rapport à la vie. L'insouciance et la vanité nous poussent à un accroissement continu de la consommation et des profits. La planète ne nous apparaît plus comme une oasis miraculeuse, au milieu de l'espace, où nous avons la chance de vivre, mais comme une terre où nous avons la possibilité de détruire jusqu'au dernier arbre.