Les Marseillais du Nord

© Gilles Favier / VU’ / Marseillais du Nord
Une famille de la cité Herodote devant chez elle.

Au début des années 90, Gilles Favier pose son regard sur la vie quotidienne des habitants de la Renaude, une enclave défavorisée dans les quartiers Nord de Marseille. Deux décennies plus tard, Philippe Pujol, journaliste à sept.info, y retourne afin de questionner les enjeux du quartier.

Des photos d’il y a 20 ans, ça tire des cris de joie chez ceux qui les découvrent sans s’y attendre, et quelques souvenirs tristes aussi. Les habitants de la cité de la Renaude dans le 14e arrondissement de Marseille n’avaient pas prévu de s’y replonger quand leur a été présenté, début 2016, le travail du photographe Gilles Favier, de l’agence VU, qui documente au cœur des années 90 la vie compliquée de ces gitans sédentarisés. 

Avec deux formes d'écritures mêlées, la parution du livre Marseillais du Nord / Les Seigneurs de naguère perpétue la tradition du journalisme littéraire tout en formant un duo photographe/journaliste entre Gilles Favier et Philippe Pujol, lauréat du Prix Albert Londres en 2014.

Des tirages réalisés pour les habitants de la Renaude et éparpillés sur une table attendent que les personnages photographiés y soient reconnus. Ça parle en càlo, un argo espagnol, et ça rigole dans de grandes exclamations. 

«C’est la Loca!» lance une vieille gitane blonde aux airs aristocratiques qui tient l’image d’une fille splendide, la robe au vent. «Elle ne ressemble plus à ça, elle a eu beaucoup d’enfants». 

«Voilà la Jaloua, la meilleure danseuse de flamenco, même depuis qu’elle est presque aveugle», assure un jeune garçon. La Jaloua en fait la démonstration quelques minutes plus tard.

Les photos luisent comme des perles de souvenirs dans les yeux de chacun. On y reconnait ceux qui sont partis, «cette petite brune aux taches de rousseurs est devenue infirmière à l’hôpital Nord», et ceux qui sont morts, «lui, le petit aveugle qui élevait des coqs de combat a succombé à un problème pulmonaire peu de temps après cette photo».

Dehors, le décor s’est dépouillé par rapport à il y a 20 ans. Moins d’épaves, très peu de voitures en train de brûler pour en faire disparaitre le plastique et mieux en récupérer l’acier. «Presque plus personne ne fait de la ferraille aujourd’hui, explique Richard né dans l’ancien bidonville de la Renaude, à seulement 40 euros (soit 43 francs) la tonne, ça ne vaut plus le coup». 

Par contre, l’activité de mécano occupe beaucoup d’hommes. De ceux qui sur les photos de Gilles Favier reconnaissent un véhicule comme un ancien membre de la famille. «Tu te souviens cette 404 Peugeot? Increvable!» grimace en parfait connaisseur un type tatoué des trois points des taulards sur la main. «On fait moins de conneries maintenant», assure-t-il en fermant fermement le sujet.

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