Au nom du père (3/3)

© DR
L'affaire Véronique Troy revient dans l'actualité en 2014 et fait l'objet d'un article dans Lui. Cette année-là, trente-sept ans après l'assassinat de l'ancien chef d'Etat yéménite Ibrahim al-Hamdi, ses enfants réclament en effet la réouverture de l'enquête.  

Véronique Troitsky, alias Alexandra de Germont, alias Véronique Lebovici. Dernières professions connues: call-girl et agent secret. Morte pour la France. Dans l’indifférence générale. Un homme a décidé d’enquêter sur cette affaire classée top secret et d’agir en conséquence: son père.

Le 17 octobre 1977, un commandant du SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) appelle l’Ambassade du Yémen à Paris. C’est l’agent traitant de Véronique Troitsky. Il est sans nouvelles de sa protégée depuis six jours. Il a épluché tous les rapports consacrés au coup d’Etat qui a renversé le président Ibrahim Mohammed al-Hamdi. Pas un mot sur elle dans les télex du Quai d’Orsay ni dans les notes secret-défense qui sont arrivées à «la Piscine», le quartier général du SDECE. Pourtant, le système de communication avec la jeune femme fonctionnait parfaitement, en atteste le relevé des appels passés par Véronique à son domicile. Alors pourquoi le dispositif d’urgence n’a-t-il pas été activé? Dès l’annonce du coup d’Etat, le commandant s’est inquiété de ne pas avoir de contact avec son «honorable correspondante» ou avec Franca Scrivano avec qui elle était au Yémen. Rien, pas un mot, le silence. N’y tenant plus, l’officier du SDECE a pris les devants. «Le commandant téléphone donc le lundi 17 à l’Ambassade du Yémen du Nord où son interlocuteur manifeste sa surprise, raconte Philippe Bernert, un journaliste très proche des services français. "Nous ne sommes pas au courant du déplacement de ces deux jeunes femmes!" lui répond-on. "Votre ignorance m’étonne beaucoup, réplique le commandant. Voici le nom de deux membres de votre ambassade qui doivent être au courant". Dès le lendemain, le commandant est reçu par des diplomates nord-yéménites fort embarrassés à qui il déclare vouloir demander au Quai d’Orsay de lancer un avis de recherche. "N’en faites rien, nous allons aviser notre gouvernement par télex", lui recommandent-ils.»

Dans un papier publié dans le quotidien L’Aurore en date du 7 novembre 1977, Philippe Bernert est le premier à faire le lien entre la disparition des deux Françaises et le coup d’Etat du 11 octobre 1977: «Les putschistes pensaient que personne ne chercherait à savoir ce que Véronique et Franca étaient vraiment devenues. Ils ne se doutaient pas qu’un commandant français allait provoquer un tel rebondissement, une affaire d’Etat qui, dans la presse étrangère (Newsweek, Stern, Daily Mail), prend une ampleur inattendue.» 

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