Le prince qui protège le parc le plus dangereux d'Afrique (1/3)

© Twitter / Ben Affleck Official
Le comédien et réalisateur Ben Affleck, fondateur en 2010 de l'association à but non lucratif The Eastern Congo Initiative (ECI), en compagnie d'Emmanuel de Merode en 2017.

L'anthropologue et primatologue belge Emmanuel de Merode dirige depuis 2008 le parc des Virunga en plein cœur du Kivu, une région à l'est de la République démocratique du Congo en proie à de nombreux conflits et convoitée pour les ressources de sous-sol. Au péril de sa vie.

Alors que les hommes commencent à tirer dans sa direction, Emmanuel de Merode se jette de côté et essaie d’accélérer pour sortir de cette embuscade. Quatre cartouches font éclater le pare-brise; d’autres atteignent le bloc moteur, stoppant net le véhicule. Saisissant son fusil, Emmanuel se glisse hors de la jeep par la portière de droite et se précipite en direction de la forêt. Les tirs ne cessent de pleuvoir tandis qu’il s’élance. Une balle l’atteint au thorax, une autre à l’abdomen. Après avoir couru une trentaine de mètres, Emmanuel s’arrête et fait feu en direction de la route; à quatre reprises, le mécanisme se bloque, l’obligeant à marquer une pause. Puis, ainsi qu’il le raconte, il s’est assis et a attendu. Il perd alors beaucoup de sang. Une des balles a fracturé quatre côtes et perforé l’un de ses poumons. «C’était dur de souffrir ainsi et de savoir que le danger n’était peut-être pas écarté», se souvient-il.

Près d’une demi-heure plus tard, Emmanuel sort de la forêt, non sans difficulté, pour retourner sur la route. Les assaillants ont disparu mais le Land Rover est hors d’usage. Impossible d’avancer. Une jeep de passage appartenant à une ONG refuse de s’arrêter, probablement parce qu’Emmanuel est couvert de sang. Peu de temps après, un fermier à moto se montre heureusement plus charitable. Après l’avoir installé à l’arrière de son deux-roues, le fermier le conduit dans un village où il intercepte un camion militaire. Cependant, l’armée congolaise dispose de peu de moyens, comme chacun sait, et très vite le camion tombe en panne. Emmanuel est transféré dans un second camion militaire qui n’a pas suffisamment d’essence pour terminer le trajet. Finalement, il parvient à l’hôpital de Goma. Reste un obstacle majeur: tandis qu’on le prépare pour l’intervention, il apparaît évident que les chirurgiens, un Congolais assisté d’un médecin indien provenant d’une base voisine de l’ONU, ne peuvent pas communiquer. Le premier parle français, mais le second parle uniquement l’anglais. C’est ainsi que le patient, qui parle couramment les deux langues, endosse le rôle d’interprète au début de l’opération: «Scapel!» «Je souffrais atrocement. Mes blessures s’étaient rigidifiées et commençaient à lancer, mais la situation était comique», explique Emmanuel. Après quatre jours d’hospitalisation, il est transféré par avion dans un centre médical au Kenya. Trois jours plus tard, il marchait dans les couloirs, sa perfusion à la main.

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