L’escouade se réunit sous la bâche déchiquetée pour déjeuner. Ils étaient de bonne humeur. Quelque part dans la jungle, un Brésilien ne tarderait pas à trouver sa machine à moitié hors d’usage. Pascal réparait ses bottes, qui s’étaient par endroits abîmées sur la route, à l’aide d’un bout de tuyau d’arrosage. Je me renseignais sur le fournisseur, Santos, ce qui fit rire Rivière. Il sifflota, mima l’envol d’un oiseau avec ses mains et pointa la jungle du doigt.
Pendant ce temps, les garimpeiros s’adaptèrent. Les orpailleurs se frayaient un chemin à travers la jungle afin de contourner les postes de contrôle. Les mines détruites étaient rebâties en seulement deux semaines. Désormais, pour échapper à la surveillance aérienne des gendarmes, les mineurs ne se contentaient pas de creuser de plus petites mines réparties sur une plus grande zone, ils laissaient les arbres leur servir de couverture, rendant les mines plus difficiles à repérer mais tout aussi efficaces. La gendarmerie manquant d’effectif pour quadriller la frontière, les garimpeiros pouvaient la traverser dans les deux sens à leur guise.