Getty Trafic Art Getty Trafic Art
Les deux statues grecs en bronze repêchées dans la baie de Riace, Calabre, en août 1972. Leur identité reste inconnue en raison de la «disparition» de leur casque, lance et bouclier. © Erich Lessing / Keystone (montage sept.info)

Pour tout l’art du monde (2/2)

Le non-paiement de la vente d’un troisième Bronze de Riace au «roi du pétrole» J. Paul Getty pourrait être à l'origine de l'enlèvement de son petit-fils.

Le nom de Getty et celui des bronzes sont à nouveau associés en octobre 1981 quand le journal Oggi publie le témoignage d’un homme qui affirme avoir vendu le casque d’une des statues de Riace au Getty Museum. Son conservateur, Jiri Frel, dément catégoriquement toute accointance avec des tombaroli (ces excavateurs de tombeaux qui ont fait la fortune des marchands d’art clandestins, ndlr), mais l’hebdomadaire publie une lettre qui prouve le contraire. Frel a bel et bien écrit à ce trafiquant calabrais, et ce dernier le fait savoir sur plusieurs colonnes. Il raconte qu’après une tempête et un petit raz-de-marée en février 1972, l'un des boucliers aurait affleuré sur les fonds de Riace. Un plongeur aurait tenté de le récupérer mais, à la suite d'un malaise, aurait été conduit à l’hôpital et se serait confié à un médecin, lequel à son tour aurait alerté un ami. Ce dernier, un archéologue vivant à Côme, serait descendu en Calabre au mois d’avril pour récupérer le bouclier, mais son expédition aurait, elle aussi, mal tourné. Finalement, un membre de la ndrangheta aurait prélevé un autre bouclier et le casque qui aurait été vendu au Getty Museum. 

Pour les autorités, ce n’est pas vraiment un scoop. L'un des quatre garçons de Riace qui, selon la presse locale, avait découvert une statue, Domenico Campagna, se souvient: «Deux ans après, un homme qui disait être capitaine des carabiniers est venu me trouver. Il a exigé que je lui dise où étaient le bouclier et l’épée!» A ses côtés, Giuseppe Sgrò, autre prétendant à la récompense de 125'000'000 lires (plus de 800’000 francs de l’époque), finalement versée à Mariottini, confirme avoir lui aussi été convoqué à la caserne: «Les carabiniers m’ont demandé de leur dire ce que je savais sur le casque, le bouclier, la lance et ce qui, des bronzes, n’avait pas été récupéré. Ils cherchaient des liens entre les objets disparus et le rapt de Paul Getty Junior.» L’homme qui a enregistré leurs témoignages se nomme Giuseppe Braghò. «C’est nous qui avons découvert les bronzes…» lui avait confirmé Sgrò au cours d’un bavardage informel, lors d’un congrès sur la protection des côtes calabraises, en 2005. La curiosité est si forte pour l’ancien peintre qui vit d’expertises en œuvres d’art, qu’il se mue en journaliste et décide de filmer les quatre garçons sur les lieux, de contacter le maire et les investigateurs de l’époque.

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