Ils ont osé dire non. Non à la corruption. A l’argent sale. Non aux Etats prédateurs. A une surveillance généralisée. Non à des lois absurdes, à des agences de renseignement ou encore non à une guerre aussi inutile qu'illicite comme Daniel Ellsberg dans les années 1970.
Cet ancien haut fonctionnaire américain a transmis au New York Times les Pentagon Papers, des documents ultra-confidentiels sur la guerre qui faisait rage au Viêtnam. Les journalistes ont pu recouper ces informations et prouver que le Gouvernement américain avait menti sur toute la ligne. Des révélations qui ont accéléré la chute du président Nixon et le retour à la maison des boys.
Le rôle démocratique et indispensable des lanceurs d’alerte a de fait éclaté au grand jour, démontrant par là même le bien-fondé de leur combat pour un monde plus juste, plus transparent et plus honnête. Or depuis, nos Antigone des temps modernes poursuivent leur chemin de croix. Les Snowden, Meili, Brown, Enebish ou Cattaneo passent au mieux pour de vilains rapporteurs, au pire pour des traîtres à la nation qu’il faut punir. Bâillonner. Ou condamner par la justice comme de vulgaires criminels. Dans le silence assourdissant de nos démocraties qui peinent à leur reconnaître le statut de défenseurs de l'intérêt général.
Et c'est bien ce qui nous préoccupe. Le manque cruel et absurde de réactions politiques aux niveaux national et international pour soutenir celles et ceux qui osent dénoncer des vérités dérangeantes est scandaleux. Il est temps que cela change. Il est temps que la voix de ces courageux soit respectée, protégée, mais aussi écoutée comme il se doit. Comme une alerte. Et non comme une trahison.
La Plateforme de protection des lanceurs d'alerte en Afrique (PPLAAF) et Sept s’unissent aujourd’hui pour lancer un appel mondial à toutes les bonnes volontés. Il est indispensable au nom d’une nécessaire transparence dans notre époque qui en manque cruellement de créer et promouvoir une protection universellement reconnue pour les lanceurs d’alerte.
Une protection qui doit être inscrite dans les textes fondamentaux des Etats et s’appuyer sur des lois solides et modernes assurant notamment aux whistleblowers un total anonymat ainsi qu’un système crypté de communications et de transmission d’informations.
Ensemble, rappelons également aux Etats qu’ils ne doivent pas entraver le travail des jour- nalistes qui relaient la parole des whistleblowers, mais au contraire le faciliter. Et que ces mêmes médias ont une responsabilité morale vis-à-vis de ces sources. Ensemble, soutenons les communautés d’avocats, de militants, d’ONG agissant comme boucliers contre de potentielles représailles et menaces avant et après les révélations des lanceurs d’alerte. Ensemble, rappelons enfin à l’Organisation des Nations unies (ONU) qu’elle a pour mission, entre autres, de faire respecter la liberté d’expression de chaque habitant de notre planète.
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