Sept.info | A la rencontre des Bédouins de Jordanie (3/4)

A la rencontre des Bédouins de Jordanie (3/4)

© Josselin Brémaud
Les pick-up ont remplacé les chameaux au Wadi Rum, développement touristique oblige. 

Dans le désert jordanien, l'usage intensif des véhicules motorisés menace la flore du lieu, ainsi que la faune, peu habituée à un tel remue-ménage. Le décalage entre les attentes initiales des touristes et la réalité du terrain devient critique.

Cet après-midi de janvier, Ala et moi sommes allongés sur un vieux matelas posé au sommet d’une grande dune, à quelques dizaines de pas de la tente principale. Entre le sable et l’azur, une forme fonce dans le lointain. «Le beau-frère saoudien va venir nous rendre visite», avait prévenu Attallah. Le voilà qui arrive du village au volant d’un taxi. La scène est surréaliste. Le vieux véhicule, bas de carcasse et fumant, ressemble à une chaloupe perdue dans la tempête. Le conducteur est en train de faire la course avec un truck avalant la poussière un peu plus haut. L’homme qui sort du taxi est un vieux monsieur au visage strié de rides, comme le désert. Un rictus plie la partie gauche de son visage et donne l’impression qu’il mâche quelque chose. Il ânnone souvent, s’emporte parfois très haut dans des monologues qui font rire tout le monde. Nous parlons d’un peu tout, notamment du plan de déplacement du village proposé il y a une vingtaine d’années par les autorités.

A cette époque, Rum est devenu extrêmement inesthétique. Plutôt que d’agir à la source du problème, le gouvernement souhaite libérer cette zone qui donne directement accès au désert, puis reconstruire un nouveau village plus fidèle au folklore en amont, à sept kilomètres de distance. Les tribus installées à Rum savent qu’elles jouent là la carte de leur survie économique. «Refuser obstinément de quitter le village, c’est montrer que nous savions ce qui se tramait dans notre dos, malgré les promesses du gouvernement», explique le vieil homme. Ala me fait la traduction. Un écotourisme de luxe, sur le modèle des grands parcs d’Afrique de l’Est et dont la gestion ne leur sera pas confiée, n’intéresse pas les Bédouins. Le vieux repart quelques heures plus tard au volant de sa boîte cahoteuse, sous le regard circonspect des touristes.

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