Sept.info | Naviguer avec les monstres

Naviguer avec les monstres

© DR
Illustration d'un monstre marin attaquant des navires.

Les plus belles cartes marines du Moyen Age et de la Renaissance fourmillaient de créatures fantastiques. Ces chimères gigantesques étaient censées mettre en garde les marins contre les dangers d’un milieu encore mal connu. La fascination qu’elles continuent d’exercer traduit la persistance d’un imaginaire vieux comme la Bible, qui associe la mer au chaos des origines.

Dans le conte d’Abdallah de la terre et Abdallah de la mer, tiré des Mille et Une Nuits, un pauvre pêcheur s’efforce en vain depuis des jours d’attraper du poisson. Mais voilà qu’enfin, en réponse à ses prières de plus en plus désespérées, il sent quelque chose de lourd se prendre dans son filet.

Il le remonte, tout joyeux, et se retrouve nez à nez avec un triton, qui lui demande de lui laisser la vie sauve et de lui donner des fruits et des légumes – il est difficile de s’en procurer sous la mer, explique la créature. En échange de quoi le triton promet de revenir avec une fastueuse récompense. Abdallah de la terre n’en croit pas un mot, mais le libère tout de même, par bonté d’âme.

Evidemment, nous sommes dans un conte de fées, et le triton tient parole: il émerge à nouveau des profondeurs en tendant vers son libérateur des paniers remplis de pierres précieuses (perles, coraux, chrysolites…) 

Et les échanges fructueux entre les deux personnages se poursuivent jusqu’à ce qu’Abdallah de la mer finisse par inviter son ami terrien à le suivre dans son monde. Il vit dans l’une des nombreuses et très belles cités marines, chacune ayant sa propre organisation sociale et sa propre culture. Le pêcheur objecte qu’il risque de se noyer. Mais le triton a tout prévu.

Il lui parle d’un onguent enchanté extrait d’un poisson monstrueux et terrifiant appelé dandane. «C’est le plus énorme de tous les poissons de la mer, tellement que, d’une seule bouchée, il avalerait sans se gêner ce que vous autres, les terriens, appelez un éléphant ou un chameau.»

Le foie du dandane (dans certaines versions du conte, il s’agit de la graisse qui l’enveloppe) sécrète une huile aux vertus puissantes, «semblable à la graisse des vaches, et dont la couleur était jaune comme celle de l’or, et dont l’odeur était délicieuse absolument». 

La substance est nécessaire pour permettre aux sirènes et aux tritons de survivre sous l’eau, mais ils ne peuvent pas la récolter sans l’aide des hommes.

Le monstre est féroce, mortel et avide de chair (celle des habitants de la mer et des autres). Il a toutefois un talon d’Achille, ne pouvant supporter le son d’une voix humaine. 

Au moment où le grand poisson approchera, prêt à le dévorer, Abdallah de la terre doit pousser un cri. Le terrible dandane s’évanouira et mourra, permettant à Abdallah de la mer de recueillir la précieuse substance.

Tout se passe bien ainsi. Une fois enduit de l’onguent magique de la tête aux pieds, Abdallah de la terre est entraîné par son compagnon dans un tour complet des cités sous-marines, où différents peuples et créatures cohabitent. Il découvre, stupéfait, que poissons et êtres humains y vivent en symbiose, puis est intégré par le Sultan de la mer à son cabinet de curiosités.

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